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Errance et prison

15/05/2014

Malgré son passé judiciaire, il se fait receleur et commet des violences ; le lovérien écope de 12 mois ferme.

 

Dans le box des prévenus, Emmanuel, 27 ans, porte des cheveux courts, un blouson et un t-shirt noir. Il était jugé en comparution immédiate vendredi par le tribunal correctionnel d’Evreux pour vol, violences sur agents dépositaires de l’autorité publique et outrages. Les faits ont été commis dans la nuit du 7 au 8 mai à Incarville et Louviers.

Il y a quelque chose d’inexorable, comme une fatalité, dans cette trajectoire de vie. Un sortilège dont la cause est à rechercher dans son histoire. Né de père inconnu, il a été élevé par une amie de sa mère. Sa santé ne permettait pas à cette dernière de s’occuper de lui.

« Ce soir là, ça n’allait pas, j’ai bu et je suis allé faire un tour » raconte-t-il. Il serait ressorti du King vers minuit, quelqu’un l’aurait pris en voiture et déposé sur le parking du centre commercial Leclerc. Il a le moral en berne, Emmanuel, alors plutôt que de rentrer au foyer de l’Armée du Salut à Louviers, il erre dans les rues d’Incarville. Dans la nuit sombre, sombre comme sa peau qu’il porte comme un mauvais gri-gri.

Versions fluctuantes

La police l’interpelle vers 4 heures du matin parce qu’on lui signale un individu qui tire un chariot de courses dans la rue dont dépasse une télévision. Drôle d’équipage à cette heure avancée de la nuit.

Outre le téléviseur LCD Samsung, le chariot contient un lecteur DVD de même marque, une télécommande, un antivol de vélo et un ciseau à bois. Et dans la poche du Lovérien, les clés de la maison cambriolée un peu plus tôt à quelques mètres. A partir de là, les versions sont fluctuantes et le procureur de la République a « le sentiment d’être moqué ». D’autant plus que le King à Louviers était fermé le soir du 7 mai.

Le prévenu aurait tout d’abord déclaré qu’un certain Cyrille lui aurait vendu les objets pour 200 €. Puis qu’un individu les lui aurait tout simplement donnés. A l’audience, il sert une nouvelle version : il trouve le chariot dans la rue et l’emporte. Il précise qu’il aurait aperçu une ombre furtive s’enfuir à ce moment-là.

Libéré en février

« Vu votre situation, vous auriez dû partir en courant ! » lui lance alors l’assesseur. « J’vois un caddie, j’suis un peu dans la m… et dans ma chambre, y a rien » se justifie-t-il. L’occasion se présente d’améliorer l’ordinaire. Sauf qu’il vient d’être libéré en février, bénéficie d’un aménagement de peine avec une formation de serveur. Il compte pas moins de 23 mentions à son casier judiciaire essentiellement pour des faits de vol.

C’est au commissariat que la situation dérape. Le jeune homme aurait feint l’ivresse et se serait laisser tomber. « Il a voulu se blesser » explique l’avocate des policiers. Quand ceux-ci le relèvent, il s’énerve, porte des coups et les abreuve d’insultes : « Enc… de flics, fils de p…, sur le Coran de la Mecque, je b… vos femmes ».

« Tout se passe bien jusqu’au moment où on lui passe les menottes, il refuse qu’on lui fouille les poches » indique l’avocate du prévenu, qui ironise par ailleurs sur la similitude des déclarations des policiers. Elle demande la relaxe pour les violences. Sur le vol, elle plaide la requalification en recel : « mon client se doutait que ces objets avaient été volés, pourquoi mentirait-il ? ».

Le tribunal, après délibéré, condamne le prévenu pour recel, violences et outrages à 12 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

 

Un commentaire

  1. Que de trajectoires de vie qui ne font pas rêver…ça doit valoir celui du « j’bois d’puis que jsuis petit »…hum j’ai un doute sur les dires. Bon courage dans cette décadence humaine! @+!



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