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La route – Cormac Mc Carthy

06/10/2009

C’est le monde après la fin du monde. Un cataclysme a ravagé la planète. Il ne reste plus rien de la civilisation. Seuls ont survécu quelques hommes. Mais il leur faut désormais échapper à leurs semblables, pour ne pas tomber dans l’asservissement des plus forts. L’état de nature règne sur terre.

Parmi eux, un homme et son fils partent à la recherche d’une région plus hospitalière. Ils prennent la route du Sud. Le paysage est dévasté, les arbres calcinés. La cendre est partout et recouvre toute trace. Le soleil éclaire à peine ce monde gris, ces villes détruites et ces maisons incendiées. Partout des carcasses de voitures rouillées, des ponts détruits et des cadavres sur le bord des routes et à l’entrée des villes, dont les chairs séchées semblent être aspirées de l’intérieur. C’est pourtant la vie qui continue et qu’il faut essayer de rendre meilleure pour le petit, la raison de vivre de l’homme « […] l’enfant était tout ce qu’il avait entre lui et la mort ». Alors, ils marchent, jours après jours, sur la route, poussant leur caddie, transportant leurs guenilles et le peu de nourriture. Il leur faut avancer sans cesse, dans le froid, la neige et le vent et toujours avec prudence pour ne pas croiser d’autres hommes, les méchants dit le petit, qui pourraient les dépouiller. Ou même les manger comme on le comprend au fur et à mesure.

Il faut survivre coûte que coûte. Des repas faits de graines, de champignons, parfois avec plus de chances, des boîtes de conserve, quelques provisions découvertes dans des maisons. Et les objets divers nécessaires à la vie. L’homme protège son fils et pour cela devient lui-même très dur. Il refuse de donner un peu de nourriture à un mendiant rencontré sur la route et laisse totalement nu un homme qui leur a volé le caddie. Il avoue avoir peur, la peur qui lui commande d’être sans pitié. Et c’est l’enfant qui a le souci de l’autre, lui qui semble pourtant n’avoir pas vécu le monde d’avant et connu les autres, et c’est grâce à lui qu’Elie, le mendiant, pourra dîner d’une boîte de conserve et dormir avec eux auprès d’un feu et que finalement ils reviendront sur leurs pas pour laisser au milieu de la route quelques affaires sous une pierre pour le voleur. Il dit de son fils : « s’il n’est pas la parole de Dieu, Dieu n’a jamais parlé. » Sur leur chemin, ils croisent aussi d’autres humains errants et menaçants, dont ils se cachent, un autre enfant entr’aperçu par le petit, mais n’était-ce qu’une illusion ? et des gens emprisonnés, nus, au fond d’une cave.

Dans ce monde dévasté où « il n’y a pas d’hommes du Verbe », ce n’est que parce que l’on vit que l’on cherche de la nourriture, ce n’est qu’à cause de ce phénomène physiologique, comme une plante ou comme une bête.

A la fin du roman, s’opère un passage de flambeau entre le père et son fils en raison de funestes circonstances : « Qu’est-ce qu’on va faire Papa ? dit-il. C’est bien ce que je me demande dit le petit ». Et pourtant, dans cet apocalypse, l’homme trouve une raison à l’existence : « je crois que ce n’est pas si mal. Que c’est une assez belle histoire. Que ça compte pour quelque chose. »

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